vendredi 12 octobre 2012

Le melting pot ixellois: une richesse à cultiver.

Depuis les 6 ans que j'habite Ixelles, combien de fois ne me suis-je pas émerveillé devant le mélange incessant de cultures que l'on croise en passant d'un quartier à un autre, voire d'un coin de rue à un autre. De l'ambiance africaine de Matongé ou du quartier de l'hôpital, en passant par l'accent portugais autour de la place Flagey et par les senteurs nord-africaines de la rue Malibran; et en terminant par le "petit Paris" aux environs de l'avenue Lepoutre. Au-delà de ces différentes origines qui se cotoient au quotidien, des catégories socio-économiques très différentes sont également représentées au sein de la commune. Même si je n'aime pas placer les gens dans des tiroirs ou des catégories prédéfinies, chaque être humain étant certainement beaucoup plus complexe que l'image qu'il projette, on peut se risquer à "labelliser" certains quartiers. Les BCBG du quartier de la place Brugmann, les bobos des quartiers Chatelain ou Flagey, le côté résidentiel de Bondael, l'atmosphère étudiante entourant le cimetière ou le côté plus populaire (dans le bon sens du terme) des alentours de la rue Malibran.

Tous ces contrastes et cette mixité de profils constituent à mes yeux un des points forts de la commune. Malgré ce que l'on entend souvent, ces différents types de personnalités interagissent plus souvent que l'on ne croit et je ne résiste pas à l'envie de vous raconter une anecdote à laquelle j'ai assisté cette semaine à la maison communale. J'étais en train de faire la file pour renouveler ma carte d'identité et une dame d'une soixantaine d'années plutôt BCBG vient s'asseoir à quelques mètres de moi (sur le siège du milieu d'une banquette composée de trois chaises...cela a son importance pour la suite). Je la qualifie de BCBG car elle portait un sac Louis Vuitton, des lunettes Yves St-Laurent et confirmait au téléphone qu'elle serait un peu retard pour un déjeuner au Métropole (hôtel chic de la place De Brouckère). Vous remarquerez que je suis assez curieux et que j'ai la mauvaise habitude d'écouter les conversations autour de moi dans les endroits publics. Bref. A ce moment-là, arrivent deux dames, du même âge environ que notre amie BCBG, visiblement d'origine nord-africaines et portant le voile autour du visage. L'une des deux s'assied et l'autre reste debout constatant qu'il n'y avait que deux places de part et d'autre de la dame au sac Vuitton. Celle-ci se pousse alors pour laisser les deux amies discuter l'une à côté de l'autre et s'ensuit alors une conversation tout à fait sympathique (et improbable serais-je tenté de dire) entre les trois Ixelloises au sujet des temps d'attente à la commune, de l'efficacité des services administratifs et même de la météo des prochains jours... On annonça alors le numéro 37, celui que j'avais tiré 25 minutes auparavant...

Cette anecdote me plaît car elle conforte ma conviction que nos concitoyens sont plutôt ouverts envers les autres cultures et que les exemples négatifs sont souvent grossis par les médias pour les ériger en généralités.  Malgré tout, cette histoire peut aussi paraître angélique et laisser penser que je suis naïf au point de penser que tout se passe pour le mieux à Ixelles au niveau des relations interculturelles. Ce n'est évidemment pas le cas et je suis conscient que le vivre ensemble multiculturel est un défi majeur et que les autorités publiques (dont la commune) doivent s'y engager pleinement afin que ces divers mélanges résultent un en une plus-value pour chaque citoyen.

Déformation professionnelle oblige, je me suis aussi penché sur les chiffres décrivant la population ixelloise (source: http://www.cocof.irisnet.be/site/fr/affsoc/cohesion/Files/IGEAT_F_Ixelles). Voici les statistiques qui ont retenu mon attention (chiffres datant du 1er janvier 2008):

  • En ce qui concerne les différentes nationalités habitant Ixelles, les Français arrivent en tête avec 10,1%, suivis des Italiens (3,5%), des Portugais (2,5%) et des Espagnols (2,2%). Au total, la commune compte 41,8% de non-Belges, ce qui est très élevé si on compare avec la moyenne régionale qui est de 28,1%. Par ailleurs, lorsque l'on sait que le pourcentage de non-Belges inscrits pour les élections communales de dimanche prochain stagne en-dessous des 10%, on se rend compte que cela biaise considérablement la légitimité démocratique du scrutin.
  • Au niveau des statistiques socio-économiques, on peut noter que les demandeurs d'emploi représentent 16,6% de la population ixelloise et que le taux d'activité (proportion de personnes présentes sur le marché de l'emploi - actifs occupés et demandeurs d'emploi inclus) est de 53,3% ce qui est bas comparé au 59% de la region bruxelloise.
Que faut-il conclure de ce qui précède? Que ce melting pot ixellois est une caractéristique fondamentale de la commune et constitue une richesse en soi. Afin de le cultiver, les autorités communales doivent jouer pleinement leur rôle en étant davantage à l'écoute des habitants dans les différents quartiers, en incitant les projets multiculturels (théâtre, danse, expositions,...) et en mettant en place des outils d'accueil efficaces pour les habitants de toutes origines (cours de langue, "pack de bienvenue", cours de citoyenneté via le CPAS ou encore parrainage par d'autres habitants de la commune).

Pour qu'Ixelles devienne un exemple réussi de "village monde" ancré dans le 21e siècle, chaque citoyen doit dès lors se sentir concerné par cet objectif ambitieux et encouragé dans ses initiatives par la commune.

Cordialement,
Met vriendelijke groeten,
Kind regards,
Atentamente,
Atenciosamente,