mardi 2 février 2010

Et si c'était le moment?

En lisant l'interview de Marianne Thyssen (présidente du CD&V) de ce lundi 1er février dans le Soir, http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-02-01/marianne-thyssen-s-interroge-sur-l-attitude-des-francophones-751340.shtml, je me dis que ce discours modéré et rassurant envers les Francophones n'est pas anodin et que le CD&V doit sentir que c'est le moment pour enfin trouver une solution négociée au problème BHV.

Il est communément admis que la politique, comme le monde des affaires, est une question de moments, de timing, ou de momentum, comme disent les spécialistes. Personellement, je suis convaincu que les deux mois qui viennent, jusqu'aux vacances de Pâques, représentent le meilleur moment qu'on ait connu depuis longtemps pour résoudre l'épineux dossier BHV et prendre des décisions politiques courageuses de part et d'autre de la frontière linguistique. Quatre raisons justifient cette affirmation:

1) Le contexte politique général: depuis le départ d'Herman Van Rompuy à l'Europe, le tandem Yves Leterme - Jean-Luc Dehaene semble bien fonctionner. Et le nouveau concept de fédéralisme de coopération a le mérite de rassurer l'ensemble des partenaires gouvernementaux.

2) Les échéances à venir: il n'y a plus d'élection avant juin 2011 et tout compromis accepté par l'une ou l'autre Communauté (ou parti politique) n'aura pas de conséquence électorale directe.

3) Personne ne souhaite une crise durant la présidence belge de l'UE qui commence le 1er juillet 2010. Même une mise au frigo pourrait se révéler dangereuse et une solution définitive aurait certainement les faveurs de toutes les parties autour de la table.

4) Last but not least, deux des trois partis nationalistes flamands (Vlaams Belang et Lijst De Decker) connaissent respectivement de graves problèmes internes et une popularité décroissante (le dernier sondage du Soir donnait à peine 5% au parti de Jean-Marie De Decker). La pression nationaliste dans le dos des formations traditionnelles flamandes est donc au plus bas. Seule la N-VA, ayant le vent en poupe, pourrait profiter d'un compromis négocié avec les Francophones pour hurler à la trahison suprême mais sans trop exagérer car elle doit rester un partenaire fiable au niveau du gouvernement flamand où elle fait partie de la majorité.

Il faut donc aller au plus vite à la table des négociations, faire preuve d'inventivité et oser prendre des décisions courageuses. C'est dans ce genre de moment clé que l'on distingue les hommes ou femmes d'Etat des autres responsables politiques braqués sur les échéances à court terme.

Allez Jean-Luc, Yves, Joëlle, Didier, Elio, Jean-Michel et les autres... C'est le moment, c'est l'instant... Renvoyons définitivement les initiales BHV à leurs premières amours: celles d'un grand magasin situé près de l'Hôtel de Ville de Paris!

2 commentaires:

  1. Personnellement, je suis sceptique.

    1) Fédéralisme de coopération=confédéralisme. ça n'a rien de rassurant.
    2) Les deux tiers des partis flamingants sont en chute, certes, mais il en reste tout de même un qui reste menaçant.
    3) Cela fait 40 ans qu'ils sont coincés là-dessus, pourquoi trouveraient-ils une solution maintenant ?
    4) On ne peut pas compter sur Jean-Luc, Yves, Joëlle, Didier, Elio, Jean-Michel et les autres pour faire preuve de courage politique. Chacun ne fera que défendre ses petits intérêts communautaires, car, par nature, ils ne savent pas faire autre chose.
    5) Le discours de Marianne Thyssens est plus hypocrite que modéré. Elle prétend que son parti n'a aucune volonté séparatiste, ce qui est faux, puisqu'il mentionne le confédéralisme dans son programme.
    6) Qu'on dise enfin quel est le rapport entre la vidange de l'état fédéral et l'efficacité du pays.
    7) Cette réforme ne va-t-elle pas au contraire mettre notre pays en danger ?
    8) Marianne Thyssens présente sa réforme de façon dogmatique (dire "elle va résoudre tout" sans jamais préciser au nom de quelle logique) et elle s'étonne qu'il y ait des frileux.

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  2. Je rejoins les propos de Belge et Fier de l'être (désormais je l'appelerai BFE ce sera plus court) mais dirai quand même "Ojala" (ah si seulement en espagnol) parce que si ce n'est pas maintenant, ce sera à un autre moment et peut-être moins propice...

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